dimanche 12 octobre 2008

Accidents et collisions en régate, ça suffit !

En effet depuis longtemps les accidents en régate sont bien trop nombreux. J'en ai fait un inventaire, certainement incomplet mais suffisant pour démontrer le propos (les liens renvoient au site Voiles Classiques) :
- En 1894, SATANITA aborde VALKYRIE II en avant du mât, les 400 tonnes propulsées à 10 kt laissent une brèche sous la flottaison de VALKYRIE II qui coule par 25 mètres de fond.
- En 1896, ISOLDE vire devant METEOR et lui casse le boute-hors. METEOR continue sur son erre et sa bôme débordée balaye le pont d'ISOLDE de l'étrave au couronnement. Tout l'équipage d'ISOLDE saute à l'eau sauf le propriétaire, le baron Von Zedwitz coincé par la bôme, qui décède en arrivant à l'hôpital.
- En 1930, en course dans le Solent, LULWORTH percute le 12mJI LUCILLA qui coule, coupé en deux morceaux. Un mort.
- En 1995 à Saint-Tropez lors de ce qui fut la dernière édition de la Nioulargue, la goélette MARIETTE accroche le 6mJI SILVRET (TAOS BRETT) qui coule. Un équipier meurt noyé.
- En 2000 à Noirmoutier les 8mJI AILE VI et SUZETTE s'accrochent sur la ligne de départ. Le n° 1 de SUZETTE est blessé.
- En 2003 à Cannes, MOONBEAM III en procédure de départ percute le 8mJI GAULOIS en course sur un parcours différent. Plusieurs blessés.
- En 2006 à Noirmoutier, un équipier du Requin AGATHE, blessé grave, a pris en pleine poitrine l'étrave du 8mJI SUZETTE : le Requin évoluait dans la zone de départ des Métriques et Yachts classiques.
- En 2007, en course dans la Baie de Narraganset lors de la première édition de la Tiedemann Classic, SUMURUN heurte la bôme du NYCC 30 ALERA lequel projette le NYCC 30 AMORITA sous l'étrave de SUMURUN. AMORITA est envoyé par le fond. Pas de blessé. Voir la surprenante photographie © Billy Black.
- En 2007 à Saint-Tropez, le bout-dehors de la goélette ALTAÏR embroche la grand-voile d'ATAIR qui en perd son mât. Pas de blessé. A Cannes, la même année la semaine précédente, lors d'un grain très violent ADRIA percute NAGAÏNA, pas de blessé.
- En 2007, lors des régates du Centenaire de la Jauge Internationale à Cowes le 8mJI HISPANIA percute le 6mJI NADA qui perd son mât. Ils étaient sur deux parcours différents.
- En 2008, à Noirmoutier, le 6mJI ELFE percute LADY TRIX, gravement endommagée. Cliquer sur l'image ci-dessous (copyright Frank Gicquiaud) :



- A Cannes, cette même année, le 8mJI SAFIR percute le NYYC 40 ROWDY, le skipper du 8m meurt gravement touché à la tête lors de la chute du mât provoquée par le bout-dehors de ROWDY arrachant l'étai du 8mJI.
- A Saint-Tropez toujours en 2008, le SK 30 HARLEKIN et UNDINA, plan RHODES 1954, sont entrés en collision. Les deux bateaux ont été disqualifiés et il est intéressant de noter que UNDINA, bien que prioritaire tribord amures, a été sanctionné "pour insuffisance de manoeuvre d'évitement".
- A Antigua Classics Week, le 24 avril 2009, VELSHEDA bâbord amures acrroche le gréement de RANGER puis les étraves se touchent. L'incident est dû à une panne de la liaison radio entre la plage avant et le barreur, les deux Classe J ont abandonné la course.
- En 2009, le 3 octobre au large de Cowes, par vent de force 6 le cotre-pilote JOLIE BRISE tribord amures est percuté par le ketch RONA II bâbord amures lors de la Small Ships Race.

Alors, que faire, que dire, que penser ?
Naturellement le Jury joue son rôle et souvent la Justice également. Mais après coup évidemment et sans réel pouvoir dissuasif sur les skippers pour les régates suivantes parce que, bien entendu, ceux-ci ne font pas exprès de percuter leurs voisins, leurs concurrents, le Bateau du Comité ou les bateaux de presse ou spectateurs.
Les organisateurs ont récemment pris de bonnes mesures en séparant les catégories de bateaux, en donnant des départs séparés dans le temps, en séparant au mieux les parcours, en créant des zones interdites aux spectateurs ou aux bateaux dont ce n'est pas encore le départ. Ces mesures ont leur limite.
Ce sont finalement les skippers qui ont les cartes en main : ils doivent organiser à leur bord une veille permanente dans les cônes morts de visibilité sous le vent et ils doivent respecter la règle Isaf n° 14 qui, même dans leur bon droit, leur interdit de toucher un autre bateau. Dans le cas fréquent du croisement bâbord-tribord, ils doivent exercer leur jugement pour apprécier si "ça passe" ou si "ça ne passe pas" et avoir la sagesse de ne pas jouer avec le feu, c'est tellement bête de ruiner un bateau dans lequel on a beaucoup investi, c'est encore plus bête d'y laisser sa peau ou celle de quelqu'un d'autre !

1 commentaire:

lapinagilles a dit…

La seule manière d'éviter les collisions en régate est de responsabiliser les Skippers.Ce sont eux seuls qui doivent donner leurs ordres aux membres de l'équipage.
Constaté en départ de course qu'un N°1 pointeur sur un 6MJ est masqué par son génois alors que son rôle est justement d'informer le barreur d'éventuels dangers de collision c'est ridicule.La responsabilité du skipper est totale car lui seul est maître à son bord.

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